Les places publiques à Batna : Enjeux, logiques, et moyens d'une rationalisation spatiale urbaine

Abstract

La présente thèse s’intéresse à la création de la vie urbaine, à travers la recherche du rôle de l’activité anthropique dans l’orientation et l’aide à la maitrise des pratiques d’aménagement à travers les usages et les pratiques des places publiques de la ville de Batna en Algérie. Depuis leurs créations en tant que territoires du commun solidaire à leurs régénérations comme des lieux de la formulation de l’opinion et de la résistance politique du peuple, en parallèle avec l’avènement de « l’espace public » comme résultat des changements politiques et des transformations socio-économiques majeures. A partir des années 2000 de nouvelles opérations d’aménagement voient le jour, après la marginalisation et l’abandon des espaces publics pendant les années de crises économique et politique (de 1980 jusqu’en 2000), les places publiques sont réinvesties et rapidement réaménagées, faisant naître une forte dynamique des pratiques spatiales, par l’accueil de diverses représentations et des fréquentations complexes d’un espace à l’autre. Cependant, une nette standardisation caractérise les offres en aménagement pour des activités prévisibles et souvent invariées, sans tenir compte des différents usagers, de la diversité des activités et des usages, qui sont souvent issues de l’imprévisible et de la spontanéité des occasions de rencontres. Cette pratique d’aménagement influence négativement l’attractivité des espaces publics et provoque l’aliénation des usagers et des pratiques, conduisant ainsi au déclin de la vie urbaine. Ainsi nous cherchons, comment est-ce que les urbains produisent des espaces publics à travers les activités anthropiques et leurs particularités ? Et comment arrivent-ils à en faire des espaces variés pour les différents publics urbains ? Par l’approche spatiale et ethnographique, nous avons mené une enquête qualitative à travers l’étude des activités, et des pratiques par deux méthodes ; l’observation directe et l’entrevue d’explicitation sur trois différentes places publiques (la place du théâtre, la place des martyrs et la place du 1er mai). Les résultats révèlent qu’à travers l’activité anthropique deux interactions sont possibles ou la première met en relation les usagers avec les aménagements, la seconde fait intervenir l’ensemble des usagers entre eux et avec les aménagements. Les deux se font à travers les usages (les mobilisations) des aménagements (les dispositifs et objets techniques et spatiaux de l’urbain) avec d’autres objets non urbains. Ces interactions constituent des présences, des co-présences, et des occupations produisant des territoires et des seuils qui s’inscrivent dans différentes temporalités (de quotidienneté, de l’occasionnel et de l’évènementiel, …), qui matérialisent des négociations, des arrangements ou encore des 227 renoncements et des oppositions dans les usages, donnant à cet effet des formes d’inclusion de certaines présences, et d’exclusion de nombreuses autres. De ces représentations par les aménagements peuvent résulter des disparités qui contraignent l’accès aux pratiques, aux espaces et à leurs partages. De larges offres en aménagement peuvent résoudre ce problème, en tenant compte des spécificités socio-culturelles, des activités, des usages et des pratiques. Cela conduit à l’offre d’espaces inclusifs et accessibles à divers publics, qui leurs reviennent de droit, en intégrant de multiples activités répondant ainsi à des besoins de qualité, d’aisance et de préférences d’usages. Afin de remédier à la standardisation des espaces publics qui mène à l’amoindrissement de la qualité urbaine, à la perte en pouvoir d’attractivité, et conduit la ville à manquer son rendez-vous avec la résilience et la promotion urbaine.